Rédacteur en chef du quotidien sportif « Stades », Demba Varore a développé un amour pour le ballon rond dès l’enfance. La première équipe qu’il a supportée est la Tchécoslovaquie car le nom avait une consonance sérère. Il a adoré Ronaldo « El fenomeno », a jubilé lors de la Coupe du Monde 2002, se souvient avoir assisté à son 1er match au Stade de l’Amitié. Il reste impressionné par Messi et Ronaldo de par leur régularité. Avec beaucoup de recul et d’humour, Demba Varore raconte sa relation avec le foot dans votre rubrique « le foot et moi »
Quel fut ton 1er contact avec un ballon ?
Mes premiers souvenirs avec un ballon remontent à Mbour, à Darou Salam plus précisément. Je devais avoir cinq ou six ans. Gamin, je ne sortais pas. Il m’était interdit d’aller jouer dans la rue. J’avais donc un ballon dans lequel je tapais seul, le plus souvent, ou parfois avec un oncle. J’avais un ballon de foot et un vélo pour jouer à la maison. C’était ainsi jusqu’à mes dix ans aux HLM Grand-Médine à Dakar. A cet âge que j’ai commencé à avoir la permission d’aller jouer dans la rue et de participer à des tournois inter-quartiers.
Quelle est la 1ère équipe de football que tu as supportée ?
La première équipe que j’ai supportée, c’était la Tchécoslovaquie (rires) au Mondial 1990. J’adorais ce nom parce qu’il m’était familier. En sérère « thiek » signifie poulet et j’en étais friand. Donc quand mes oncles supportaient le grand Cameroun de Milan, moi je leur demandais toujours quand est-ce qu’allait rejouer la Tchécoslovaquie? Malheureusement, le pays disparaissait quelques années plus tard avec la guerre dans cette partie du monde. De cet amour, il est resté une petite étincelle à l’Euro 1996. La flamme a été ravivée à cette compétition par Karel Poborski et Pavel Nedved. J’ai kiffé et supporté ces deux joueurs à l’Euro 1996. Entre temps, bien sûr j’ai commencé à supporter le Sénégal. Je suis allé au stade deux fois à la CAN 1992. Au match d’ouverture et la finale. Au match d’ouverture, je m’en rappelle encore, on habitait à cette époque à Hlm Grand-Medine donc pas très loin du stade de l’amitié. Lorsqu’un de mes oncles (Souleymane Fall) a entendu que l’entrée était devenue gratuite, il s’est précipité pour y aller, je l’ai suivi. Il ne m’a vu que juste avant d’arriver au stade. Il m’a demandé de rentrer à la maison. Je lui ai rétorqué que je ne connaissais pas le chemin du retour et que je l’attendrais donc dehors ( rires) Il m’a dit : « bon viens« . Le Sénégal qui jouait en deuxième heure a perdu 2-1 devant le Nigéria. Les supporters étaient mécontents mais moi j’étais aux anges. J’avais vu Jules François Bocandé, le premier footballeur que j’ai adulé dans ma jeunesse parce que j’avais beaucoup entendu parler de lui. D’ailleurs ma mère raconte toujours une anecdote à propos de Jules. Il paraît qu’en bon « thiat » ( cadet de la famille), une nuit je leur ai fait la misère en leur disant qu’il faut que Bocandé vienne me bercer pour que je dorme.
Et en club, quel est l’équipe qui t’a fait vibrer ?
En club, la première formation que j’ai supportée est l’AS Saint-Etienne. Juste parce qu’un jour lors d’un tournoi de quartier, j’étais dans les cages. J’avais de beaux arrêts et un ami de mon grand-frère m’a appelé Joseph Antoine Bell. Je lui ai demandé, il jouait où, il m’a répondu à Saint Etienne. Comme ça j’ai commencé à dire que Saint Etienne était mon équipe sans rien savoir du club. En grandissant, j’ai appris à le connaître. Malgré les difficultés, mon amour aveugle en eux a tenu jusqu’en 2003. J’ai plaqué à cette période les « verts » pour aller voir où l’herbe était plus verte. C’était chez l’ennemi juré, l’Olympique Lyonnais. Étudiant à Lyon, je suis tombé amoureux de Gerland et de Sony Anderson. Parce que Lyon dominait la France du football et battait Marseille que je détestais à cause de mes amis qui supportaient presque tous cette équipe
Demba, as-tu pratiqué le football et jusqu’à quel niveau ?
Je n’ai joué qu’à l’UASSU avec l’équipe du prytanée militaire de Saint-Louis. Je n’étais pas talentueux mais j’étais un joueur de devoir, capable de compléter une équipe et pallier à toute absence parce que j’étais très polyvalent. Avec les juniors du prytanée en 2001, nous avons disputé la finale régionale de Saint-Louis et participé à la phase nationale des UASSU avec Gaspard Gomis comme coach (actuel entraîneur des gardiens de Génération Foot). J’étais arrière gauche dans cette équipe. Pas toujours titulaire. J’en garde de très beaux souvenirs. Surtout qu’après le BAC, arrivé en France, j’ai de moins en moins joué au foot. Et 2012, après une fracture au pied gauche, je n’ai plus touché au ballon à part pour m’amuser avec mes 3 garçons.
Quel est le premier match que tu as couvert en tant que journaliste sportif ?
Le premier match de football que j’ai couvert, c’était la finale du tournoi du parlement en Janvier ou Février 2010 entre Stade Mbour et CSS (devenue Assur depuis 2013). Le Stade Mbour s’était imposé. Je venais juste de démarrer comme stagiaire à Stades. C’est même le premier match du football local que j’ai regardé.
Peux-tu nous décrire l’effet que ça te fait de regarder un match de foot ?
Je suis un passionné du foot. Je dirai même du sport. Au prytanée, j’ai plusieurs fois séché les études du soir (obligatoires pour tout le monde) pour aller regarder du foot. Comme j’ai été toujours casanier dans ma vie, je m’abreuvais de matchs de foot ou tout ce qui concernait le sport à la télé. Regarder un match de foot c’est mon passe-temps favori. Je peux rester scotché à la télé une journée pour du foot. Si accro au foot donnait l’overdose, une cure de milliers d’années ne serait pas suffisante pour moi. Ma femme, elle, déteste le foot par contre (rires). Elle n’a pas de bol parce qu’on a 3 garçons et ils ont tous déjà chopé le virus. Le dernier n’a pas encore 2 ans et quand il se réveille il se précipite sur le ballon pour gazouiller « zouer, zouer, zouer »
Quel est ton meilleur souvenir foot ?
Le meilleur souvenir, cela reste quand même les victoires au Mondial 2002 sur la France et la Suède. Je n’en reviens toujours pas. Je préparais le Bac mais je m’en « footais » absolument. J’étais à fond sur le Mondial. Mon pays brillait, mon joueur Ronaldo enfilait les buts. J’étais aux anges.
Y’a-t-il un joueur de foot en activité qui t’impressionne particulièrement ?
Messi et Ronaldo, bien sûr, m’impressionnent pour leur régularité au sommet. Mais, Ronaldo d’abord puis Zidane sur le tard (parce que je détestais la Juventus et les Bleus) sont mes kifs dans le foot. El Fenomeno, c’était pour moi l’élu, le roi de planète foot. J’aimais tout dans son jeu. Sa capacité à combiner ou à faire des exploits individuels, son adresse devant les buts, sa justesse technique malgré sa vitesse dans les sprints… Tout.
Raconte-nous une anecdote foot ?
L’anecdote concerne justement Ronaldo, El Fenomeno. J’ai arrêté de regarder le foot deux fois à cause de lui. La première fois, c’était après un derby entre l’inter et le Milan. Il met au supplice Costacurta et Maldini, marque un but mais se fait expulser juste après pour un coup de coude sur Costacurta dans un duel aérien. L’inter se fait renverser par Milan qui gagne 2 -1 grâce à Weah. En tant qu’ado et révolutionnaire, je dis « j’arrête le foot parce que c’est la mafia italienne qui dirige« . Surtout que la saison d’avant la Juventus avait bénéficié d’un penalty imaginaire à deux journées de la fin pour battre l’inter et passer devant lui au classement. La deuxième fois, j’ai arrêté pendant plus 3 mois. C’est lorsqu’il se blesse à nouveau au genou lors du match de son retour à la compétition. C’était en Coupe d’italie contre la Lazio. Je revois les images dans ma tête, Ronaldo allongé après une tentative de passement de jambes et le défenseur adverse Fernando Couto qui appelle de suite les secours. C’était pénible pour moi. J’en ai pas pleuré mais jetais très triste pour lui et J’avais décidé de couper avec le foot jusqu’a son retour. J’ai tenu 3 mois (rires), le tiers de la durée de son indisponibilité.
Propos recueillis par Racky Traoré