Ngouille Sarr, c’est un palmarès très riche. Elle a gagné des titres dans tous les clubs où elle est passée, des tigresses de Thiès à Dakar sacré Cœur en passant par Mediour. Fille de footballeur, elle a très choisi très tôt de jouer au foot. Défenseur central à ses débuts, elle s’est retrouvée au poste de latéral gauche à cause de circonstances particulières qu’elle nous raconte dans cet entretien. L’actuelle joueuse de Afa de Grand-Yoff a vécu de grands moments avec les lionnes. Dans cet entretien, elle nous raconte son parcours.
Comment est née ta passion pour le football ?
Je suis née dans une famille de footballeur. Mon père, Amadou Matar Sarr, fut un international sénégalais avec les Cheikh Seck, Amadou Moustapha Sarr donc j’ai suivi ses traces (rires). Bon sang ne saurait mentir. J’aime bien le foot.
Votre choix de faire du foot a-t-il tout de suite été accepté dans ta famille ?
Ce n’était pas facile au début car ma mère ne voulait pas que je joue au foot mais c’est mon papa qui m’a soutenu pour que je devienne aujourd’hui footballeuse.
Quel est ton premier club ?
Mon premier club a été « Les tigresses de Thiès »
On t’a découvert à travers le grand club Médiour de Dakar, parle-nous de ton passage de dans ce club?
Effectivement tout le monde connaît Médiour, qui est un grand club. J’ai rejoint l’équipe en 2017 où j’ai fait deux bonnes saisons. Au début c’était dur, car j’avais une blessure au niveau du genou. Puis avec l’aide et le soutien des dirigeants, je me suis vite rétablie pour continuer à jouer et nous avons réussi à faire le doublé championnat et coupe du Sénégal.
Raconte-nous ton parcours ! Quels sont les trophées que tu as remportés ?
J’ai débuté mon parcours avec les Tigresses de Thiès, un club dans lequel je suis restée de 2008 à 2014. J’y ai gagné deux coupes du Sénégal en 2013 et 2014. En 2012 déjà, J’étais désignée meilleure joueuse de la région de Thiès. Je fus aussi meilleure joueuse de la finale de 2014 contre les Amazones de Grand-Yoff. Ensuite je suis partie à Saint-Louis pour rejoindre le lycée Ameth Fall où j’ai remporté deux fois les titres de championne 2015 et 2016. En 2017 avec Médiour, j’ai encore fait le doublé championnat et coupe du Sénégal. En 2018 j’ai gagné la coupe du Sénégal encore avec Médiour, étant aussi vice-championne du Sénégal. En 2019, avec Dakar Sacré-Cœur, nous sommes sacrées championnes de D2 et nous validons notre montée en 1ère division. Cette année, j’ai déposé mes valises à Grand-Yoff à AFA mais malheureusement avec la pandémie la saison a été interrompue.
Pourquoi as-tu choisi le poste de latéral?
Je n’ai pas forcément pas choisi de jouer au poste de latéral. Je suis plutôt polyvalente. A la base, je joue comme défenseur. J’ai joué pour la 1ère fois au poste de latéral en équipe nationale du Sénégal. Le coach m’a demandé de jouer là-bas car il avait des problèmes à ce poste. J’ai fait de bons matchs avec les lionnes. A Médiour aussi, le coach me disait de jouer au poste de latéral mais personnellement j’aime bien jouer au milieu ou dans l’axe.
Reparlons de l’équipe de Mediour, qui a marqué son histoire dans le football féminin avec ses trophées et ses grandes joueuses qui sont actuellement éparpillés dans les différents clubs. Comment avez-vous réussi à former un groupe aussi performant ?
Quand je suis arrivée à Mediour, j’avais déjà trouvé une bonne équipe et une belle ambiance. C’était une famille pour moi que j’ai vite intégrée. Et les joueuses m’ont très bien accueillies. C’était vraiment cool !
Parle-nous aussi de l’ambiance autour de cette équipe lébou ?
Oui, il y avait une belle ambiance dans l’équipe et dehors parce qu’on sentait derrière nous le public rufisquois, qui nous suivait partout même à l’entraînement. Les gens venaient de partout pour assister les joueuses. Du coup, il y avait de la rigueur même durant les séances d’entraînement.
On a pourtant appris la dissolution de l’équipe de Médiour, en connais-tu les causes ?
Non je ne connais pas les causes tout simplement parce que je suis une joueuse et mon rôle s’arrête au terrain.
Quelque temps après, tu as décidé de rejoindre DSC en deuxième division. Pourquoi ? N’avais-tu pas d’autres offres ?
J’avais d’autres offres mais j’ai choisi Dakar Sacré Cœur où j’ai été sacrée championne.
Que retiendras-tu de ton passage à Dakar Sacré Cœur ?
A Dakar Sacré Cœur, j’ai senti la sérénité, la discipline et la rigueur dans le travail. Nous étions une famille qui avait un seul objectif, celui de monter en 1ère division et nous l’avons atteint avec beaucoup d’engagement.
Pourquoi avoir rejoint juste après cette montée avec Dakar Sacré Cœur, AFA DE GRAND YOFF?
J’ai rejoint AFA parce que le projet du président m’intéresse et je voulais aussi découvrir autre chose.
L’équipe est en deuxième division et connaît des difficultés pour monter en première division, pourquoi ?
Oui Afa est en D2. Cette saison, on n’a pas pu terminer le championnat à cause de la pandémie mais je ne pense pas qu’on soit en difficulté pour monter. Nous sommes engagées et motivées pour jouer les premiers rôles. Le président a mis tous les moyens à disposition de l’équipe pour qu’on puisse retrouver l’élite inchalah et on y parviendra ensemble.
Quel est ton parcours en équipe nationale ?
J’ai rejoint l’équipe nationale du Sénégal, quand je jouais avec les Tigresses de Thiès à la suite de mon premier match contre les Sirènes de Grand-Yoff.
Tu as eu beaucoup de sélections en équipe A, quels sont les matchs qui t’ont le plus marqués ?
Oui j’ai eu beaucoup de sélections en équipe nationale, au moins 30 sélections. Notre qualification de la coupe d’Afrique contre Maroc, une première dans l’histoire du foot féminin, reste un de mes meilleurs souvenirs en équipe nationale. L’autre souvenir c’est un match qu’on a joué contre le Cameroun à Yaoundé et c’était très difficile car il pleuvait fortement. Il yavait beaucoup d’eau mais malgré cela, on se défendait comme de vraies lionnes. Il y’a aussi le match contre le Nigéria ici au Sénégal, parce que personne ne croyait qu’on pouvait tenir en échec la meilleure équipe d’Afrique
Est-ce que d’après toi, la fédération sénégalaise de football accorde de l’importance au football féminin ? Y a-t-il des changements ?
Oui bien sûr ! Depuis un certain temps, la fédération sénégalaise de football a beaucoup fait pour le foot féminin. A nos débuts, ce n’était pas du tout facile car on jouait sur des terrains sablonneux et il n’y avait presque rien à gagner mais aujourd’hui on joue dans des stades comme les garçons et je trouve ça très encourageant.
Qu’est-ce qu’on doit améliorer pour apporter une meilleure vie aux clubs ?
On doit faire un championnat unique pour nous permettre de jouer plus de matchs. Malheureusement avec la formule des poules, on risque de jouer 4 matchs pour ensuite rester encore 8 mois avant de rejouer et évidemment on n’aura pas assez de compétition dans les jambes. Autre chose, la fédération sénégalaise doit programmer les matchs le soir pour attirer le public au stade. Le matin, il fait très chaud les matins et c’est dur de jouer dans ces conditions. Il nous manque du professionnalisme.
Si tu n’étais pas footballeuse, quel métier aurais-tu aimé faire ?
(Rires) Je suis née pour être une joueuse, le sport est dans mon sang.
Tu as déjà accompli une belle carrière ici au Sénégal, montré ton talent, qu’est-ce qui te retient ici ?
Il est vrai que j’ai joué une carrière importante ici et j’ai tout donné pour le foot. Je suis très sérieuse et patiente mais parfois aussi la chance compte. Je continue à bosser « amoul découragée » et je crois toujours en mes chances de partir ailleurs exporter mon talent. Il me reste encore des années de carrière, que ce soit ici au Sénégal ou à l’extérieur, je continuerai mon chemin comme le veut mon papa qui m’a beaucoup aidé à réussir.
Quels sont tes ambitions et rêves?
Mes ambitions restent toujours les mêmes, progresser chaque année, aider mon équipe à atteindre ses objectifs et faire plaisir à mon père.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AMINA DIENG