Des milliers de morts pour une Coupe du monde. Ainsi pourrait-on résumer le triste bilan de l’organisation de la compétition obtenue par le Qatar en 2010. Depuis, plus de 6500 ouvriers ont perdu la vie sur les chantiers qataris, comme le révèle ce mercredi le très sérieux quotidien britannique The Guardian dans une longue enquête.
Nos confrères ont compilé les données des gouvernements du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka, principaux fournisseurs de main-d’oeuvre, pour effectuer ce calcul.
L’Inde, pays le plus touché
Un total malheureusement sous-estimé. Et pour cause : de nombreux pays comme le Kenya ou les Philippines, qui ont pourtant envoyé des milliers de travailleurs sur les chantiers du Mondial, n’ont pas transmis leurs chiffres au Guardian. Sans oublier le fait que les décès survenus lors des derniers mois de l’année 2020 n’ont pas été pris en compte. Au total, nos confrères dénombrent pour l’instant 6750 morts, dont 2711 en provenance de l’Inde, pays le plus «touché»…
Comme vous le savez, le Qatar s’est engagé en 2010 dans un vaste programme de construction et de modernisation pour accueillir le Mondial douze ans plus tard. Aéroports, transports en commun, routes, hôtels et même une «nouvelle ville» où se jouera la finale… tout y passe. Et les ouvriers immigrés, dont les passeports sont parfois confisqués, travaillent au péril de leur vie sous des chaleurs difficilement supportables. Quid de la réaction des autorités locales ?
37 morts «officiels» sur les chantiers des stades
En réponse, le gouvernement qatari estime que «le nombre de morts est proportionnel au nombre de travailleurs immigrés présents dans le pays et inclut des travailleurs en col blanc qui sont décédés de mort naturelle après avoir vécu au Qatar de nombreuses années» dans des propos rapportés par The Guardian. Nos confrères expliquent toutefois que les autorités locales ne s’embarrassent pas vraiment pour «catégoriser» les décès…
D’après les chiffres officiels, «seulement» 37 ouvriers seraient morts sur les chantiers des stades, ce qui n’englobe donc pas tout le reste (aéroports, routes, hôtels, etc…), et 34 d’entre eux ont été classés comme «non reliés au travail» par les organisateurs du Mondial. Derrière ce lourd bilan, il y a des familles. Comme celle endeuillée d’un certain Ghal Singh Rai, un Népalais qui a déboursé plus de 1000 livres pour trouver un emploi d’homme de ménage sur les chantiers, avant de mourir dans la semaine de son arrivée…
Avec Maxifoot