Le milliardaire Patrice Motsepe va bel et bien présenter sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), a confirmé la Fédération sud-africaine (SAFA) ce 9 novembre 2020. Le propriétaire du club Mamelodi Sundowns est le troisième candidat déclaré après le patron sortant de la CAF, le Malgache Ahmad, et l’Ivoirien Jacques Anouma.
L’information est tombée, hier, telle une bombe. Le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe, beau-frère du président de son pays Cyril Ramaphosa, veut se présenter à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF). Celui qui a fait fortune dans l’extraction minière compte briguer la tête du foot africain, le 12 mars 2021 à Rabat.
L’intéressé, en quarantaine à cause du Covid-19, n’a pas pu l’expliquer lui-même. Alors, le président de la Fédération sud-africaine (SAFA) Danny Jordaan et le ministre des Sports, Arts et Culture Nathi Mthethwa s’en sont chargés pour lui, ce 9 novembre 2020 à Johannesburg, lors d’une conférence de presse. Un événement auquel le patron du foot nigérian Amaju Pinnick et la patronne de la fédération sierra léonnaise Isha Johansen ont apporté leur soutien par vidéo, tout comme celui de l’association botswanaise Maclean Letshwiti.
Pas une candidature anti-Ahmad
Amaju Pinnick, l’ancien premier vice-président de la CAF, en froid avec le patron sortant Ahmad, a admis avoir voulu se présenter dans quatre mois. Mais le Nigérian a décidé de se ranger derrière la candidature du propriétaire du club Mamelodi Sundowns. « Si vous avez quelqu’un avec des qualités supérieures aux vôtres, vous devez apprendre de lui et attendre votre tour, a lancé celui qui espère toute de même être propulsé représentant de l’Afrique au Conseil de la FIFA. Nous allons travailler jouer et nuit à ce qu’il soit élu ».
Isha Johansen s’est montrée plus offensive dans son intervention. Elle a ciblé sans le nommer le président actuel de la CAF, Ahmad, au sujet de sa victoire face au Camerounais Issa Hayatou en 2017 : « Nous sommes tous favorables au changement, bien sûr. Il y a quatre ans, on parlait d’un vent de changement. […] Nous soutenons Patrice Motsepe parce que nous n’avons pas vu ce vrai changement dont le football africain a besoin. »
Malgré la charge de Johansen, Danny Jordaan s’est voulu apaisant. Il a assuré avoir prévenu Ahmad de la candidature de Patrice Motsepe. Et il n’a pas voulu répondre à une question concernant une éventuelle condamnation du Malgache par le Comité d’éthique de la Fédération internationale (Fifa). « Vous ne pouvez pas gagner grâce aux supposées faiblesses de votre adversaire, a-t-il balayé. Vous ne pouvez gagner que grâce à vos propres forces ».
Main tendue à Jacques Anouma
Danny Jordaan s’est donc évertué à dresser un portrait élogieux de Patrice Motsepe. « Ses succès en football et en business sont bien connus, que ce soit dans notre pays, sur le continent ou partout dans le monde, a-t-il assuré, rappelant que le patron de l’African Rainbow Minerals a été distingué à plusieurs reprises par le prestigieux magazine Forbes. Nous avons un des plus grands génies du business en tant que candidat à la CAF ». Un homme d’affaires qui serait donc capable de faire face aux défis financiers grandissant du foot continental, surtout en temps de Covid-19.
Le ministre des Sports, arts et culture, dans son intervention, a surtout insisté sur l’aspect diplomatique de la candidature de Patrice Motsepe. Nathi Mthethwa a notamment tendu la main à l’Ivoirien Jacques Anouma, autre candidat déclaré à la présidence de la CAF. « Je suis sûr qu’on peut persuader d’autres pays et d’autres candidats », a-t-il lâché.
Le 28 octobre dernier, le Malgache Ahmad a annoncé son intention de briguer un deuxième mandat, après un exercice 2017-2021 mouvementé. Ses partisans ont assuré qu’il bénéfice du soutien de 46 des 54 fédérations affiliées à la CAF. Un front anglophone s’est-il engagé contre sa réélection, à trois jours de la clôture des candidatures pour le scrutin de mars 2021 ?
Dans le monde du football africain, Patrice Motsepe est loin d’être une figure très connue du grand public. À l’instar du Congolais Moïse Katumbi avec le Tout Puissant Mazembe, le Sud-Africain se distingue surtout en tant que patron d’un puissant club : les Mamelodi Sundowns. Si la formation de Pretoria n’est pas la plus puissante du continent, elle suffit théoriquement à rendre recevable la candidature du milliardaire. Les règlements de la Confédération africaine de football (CAF) stipulent en effet qu’un candidat « doit avoir joué un rôle actif dans le football (en tant que Joueur ou Officiel de la FIFA, de la CAF ou d’une association nationale membre de la CAF ou d’un de ses membres affiliés) durant aux moins deux des cinq dernières années ayant précédé le dépôt de sa candidature ». Patrice Motsepe peut en outre compter sur les indispensables soutiens de la SAFA et de trois autres fédérations : Botswana, Nigeria et Sierra Leone. Danny Jordaan a indiqué que son dossier a été envoyé au siège de la CAF pour vérification. Celui dont la fortune est estimée à 2,4 milliards de dollars pourra-t-il se présenter le 12 mars 2021 ?
Avec RFI