Déjà largement gelé depuis un an, le fair-play financier (FPF) s’apprête à profondément changer, voire même à mourir comme l’annonce la Gazzetta dello Sport du jour. La pandémie a mis les finances des clubs dans le rouge de façon trop importante pour espérer que les clubs atteignent l’équilibre financier que le dispositif de contrôle de l’instance européenne leur impose. Le FPF« n’a plus de sens », affirme même la Gazzetta qui donne de nombreux détails sur la suite.
Demain, l’UEFA va parler avec le parlement européen afin d’expliquer qu’un nouveau système de règles verra le jour sous peu, des règles qui devraient être assez différentes de celles imaginées par Gianni Infantino et Michel Platini au début des années 2010 quand le FPF a été mis en place. Comme le résume le quotidien sportif italien, le fair-play financier ne sera plus basé sur le principe « dépenser autant que l’on gagne » mais « dépenser le nécessaire sans gaspiller ».
Comme pour la version initiale qui avait été conçu en accord avec la réglementation de l’Union Européenne, il faut donc l’aval du parlement européen. Le football européen en est arrivé à ce point car les clubs sont dans le rouge sans que ce ne soit forcément de leur faute. Pas de recettes de billetterie, d’autres sources de revenus qui se sont réduites et ce sont au total près de 8 milliards en moins dans l’économie du ballon rond selon les chiffres dévoilés par le président de l’association européenne des clubs (ECA) Andrea Agnelli récemment. Il n’est donc plus question de restreindre les clubs avec le FPF, mais de les sauver.
Il ne semble pas pour autant prévu de revenir au temps de la déraison pré-FPF puisque « le nouveau fair-play aura forcément en mire les pertes et les excès » précise bien la Gazzetta. Oubliez donc les milliards injectés sans contrôle. Car tout ne va pas mal dans le football européen : certains salaires et commissions d’agent ont même augmenté durant la pandémie. Et il est notamment évoqué l’idée d’imposer des plafonds sur les salaires et les transferts.
L’idée du plafond salarial refait surface, ses difficultés de mise en place aussi
Mais mettre en place des règles sur ce point n’est pas simple : l’UE interdit tout plafond salarial, contrairement à ce qui se fait par exemple dans les ligues nord-américaines de sport avec le fameux salary cap. La Gazzetta évoque aussi d’autres pistes : « Une taxe de luxe ? Quand vous achetez un joueur, vous reversez aussi un pourcentage à distribuer au système. Nouveau seuil de rentabilité ? Possible. Toutes ces mesures sont à l’étude. Et ce ne sont pas les seules. »
L’UEFA devra donc être créative dans ses mesures pour son nouveau fair-play financier mais aussi conforme au droit européen, sous peine d’être retoquée par la Commission européenne. Les sanctions pourraient d’ailleurs aussi évoluer et être « plus économiques et moins sportives », contrairement à ce qui a pu être fait depuis la mise en place du FPF actuel (exclusion des coupes d’Europes, listes de joueurs limitées, etc).
Ces nouvelles mesures devraient toutefois être discutées avec les clubs et pas imposées de force, même s’il faut aller vite vu la situation économique des clubs européens. Comme l’explique la Gazzetta en conclusion, « les travaux de l’UEFA ont déjà commencé. Objectif : accord d’ici la fin de l’année, avec entrée en vigueur à partir de 2022, période d’adaptation progressive, pendant quelques années, avant de passer au régime définitif et ainsi mieux se consolider que dans l’ancien système, fragilisé, ces derniers temps, par le PSG et City. Avec l’espoir que la pandémie se termine bientôt. »
Signe de l’avancée de ce nouveau projet, c’est dès demain que le président de l’UEFA Aleksandr Ceferin doit annoncer son nouveau modèle de régulation du football européen.