Entretien exclusif / Joseph Lopy, Milieu du SCO d’Angers: « Vouloir jouer la Ligue 1 m’a maintenu en ligue 2…J’ai eu peur ! »

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13 MagA la uneFoot-Tanière

Joseph Lopy en Ligue 1 avec Angers c’est fait au bout d’une saison où les angevins ont terminé à la seconde place du championnat de  ligue 2 française. Le milieu de terrain de 32 ans va regoûter au plaisir d’évoluer dans le haut niveau après dix années passées entre la Ligue 2 et la National. Champion d’Afrique avec le Sénégal en 2022, Joseph Lopy n’a quasiment pas joué la deuxième partie de saison á cause d’une blessure à la cheville. Les blessures, letendon d’achille du joueur formé par Diambars mais dont le mental de fer lui a permis de toujours revenir sur les terrains. La ligue 1, Joseph Lopy s’y prépare déjà. Dans cet entretien exclusif, il nous raconte les temps forts d’une saison ponctuée par des performances mais aussi des doutes.

Angers en Ligue 1 au bout de la dernière journée de championnat de  Ligue 2, comment avez-vous vécu cet exercice à suspense ?  Cela n’a pas dû être facile…

Oui la saison a été très longue, très éprouvante.  Le plus dur durant cette saison, ce n’était pas forcément de gagner des matches, d’avancer comme on a pu le faire, de résister dans la durée mais ça a surtout été de mettre les têtes à l’endroit parce qu’avant cette saison, Angers a vécu des moments catastrophiques sur tous les plans. Et psychologiquement, celaa été très difficile pour tous les joueurs qui étaient là avant. Je me souviens du premier match de cette saison où il y’a eu embrouille directe dans le vestiaire et on a du parler entre nous.

Justement, quels ont été les temps forts de cette saison ?

Durant la 1ère partie de saison, on a su faire le dos rond sur les premiers matches puis on a trouvé notre rythme de croisière. A domicile, on a déroulé et à l’extérieur c’était un peu plus compliqué mais on a su gérer notre championnat sur cette première partie, raison pour laquelle on a fini champion d’automne. Je me souviens tout de même qu’on n’était pas content après avoir fait le dernier match de la 1ère partie de saison parce que les choses ne se passaient pas bien sur le terrain.  Nous n’avions pas non plus un effectif très large comparé à St-Etienne, Auxerre ou d’autres équipes qui jouaient la montée. On savait que ça allait être compliqué pour nous et qu’il fallait tenir sur la durée. St-Etienne nous a bien mis la pression. Honnêtement, j’avais peur sur la fin car je ne pensais pas que St-Etienne allait craquer.On redoutait les play-offs et on commençait à douter.

Vous avez souffert en deuxième partie de saison…

Honnêtement, avant même d’arriver à cette deuxième partie de saison, on sentait que ça commençait à être dur. A un moment donné, on était en surrégime. On était l’équipe qui marquait le plus de buts, on était l’équipe qui courait le plus en fin de match, avec des remplaçants qui étaient décisifs.  Pour faire ce genre de stats, on a besoin d’énergie et de force et on était  devant sans avoir l’effectif forcément qu’il faut pour lutter sur toute une saison. Il était important de voir le temps de jeu qu’avaient les 13-14 joueurs qui jouaient le plus dans cette équipe-là. Sur ces 13-14 joueurs, il y’en avait 3 ou 4 qui avaient fait des saisons pleines sur les 3-4 dernières années.

Forcément les organismes étaient un peu plus fatigués par rapport aux autres et ce sont des choses qu’il fallait intégrer, des choses à savoir. Parfois on s’en voulait, on en voulait à tout le monde et cela créait des tensions dans le vestiaire et ça nous a pénalisé pendant une petite période. On a pu mettre les choses á plat car parfois nos têtes voulaient mais nos corps ne suivaient pas forcément et une fois qu’on l’a compris on est un peu tolérant avec soi et avec les autres. Cela a permis d’avoir une autre vision des choses, une nouvelle cohésion pour aller chercher le second souffle qu’on a eu sur cette fin de saison. Quand je me suis blessé ( Ndrl :  Joseph Lopy se blesse le 17 Février  à la cheville lors d’un match contre St-Etienne et ne rejouera plus dans cette deuxième partie de saison avec Angers), le directeur sportif et l’entraineur, peut-être pour me chambrer m’ont dit : « tu nous mets dedans, le fait que tu te sois blessé va rendre les choses plus compliquées. »  Ça m’a mis un peu la pression et j’ai essayé de tirer sur la corde pour revenir plus vite mais ça n’a pas suffi. L’équipe a néanmoins su se redresser, se mettre dans le bon wagon pour bien finir la saison.

Presque dix ans après avoir joué en Ligue 1,  tu vas de nouveau goûter à la joie de revenir dans cette 1ère division. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

En réalité, ce qui me maintenait  encore à jouer cette ligue 2, c’est aussi de vouloir remonter. En début de saison, quand je suis arrivé j’avais pour ambition non pas juste de remonter en Ligue 1 mais aussi d’être champion de Ligue 2. Après quand je me blesse, je sais que ça devient compliqué d’appuyer sur le terrain pour aller accrocher cette ambition-là. Cette détermination je l’avais depuis qu’on est descendu avec Sochaux.  La 1ère division, c’est un championnat car c’est là où j’ai commencé et à l’époque ça s’est bien passé. Là on va retourner en Ligue 1. Comme pour la sélection, 10 ans après,  je retrouve la ligue 1. Je suis confiant quant à ma capacité d’adaptation pour jouer dans ce championnat, de faire ce qu’il faut sur le terrain. Quand on monte, on sait aussi que les clubs recrutent. On sera là pour travailler durant l’inter-saison, faire le nécessaire et tout faire pour jouer. Je n’ai pas d’inquiétudes à ce niveau.

Comment es-tu arrivé à Angers ?

En 2022-2023, j’ai été prêté à Nimes en deuxième partie de saison. Je dirai même que le président du Fc Sochaux acontraint l’entraineur de l’époque à ne pas me faire jouer. Malheureusement pour lui et heureusement pour moi, je suis allé trouver un bel effectif à Nimes et j’ai pris du plaisir même si le résultat escompté n’était pas au bout avec une descente en National. Mais je sais que j’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer au football. La preuve à la fin de saison, grâce à mes prestations, j’ai pu signer à Angers et je peux dire que l’avenir m’a donné raison.

Lopy et les blessures, c’est une longue histoire, n’est-ce pas ?

Je fais effectivement une carrière en dent de scie. J’ai été énormément freiné par les blessures. L’inconvénient c’est qu’on est dans une perpétuelle remise en question. Au lieu de franchir des paliers, je ne dirai pas qu’on revient à zéro mais on travaille toujours à revenir au niveau.  Ça fait partie de mon parcours, je l’ai intégré. Psychologiquement et mentalement, je suis quelqu’un de très fort et j’arrive tout le temps à me relever et à aller de l’avant. Je relativise aussi beaucoup sur ce que j’ai, ce que j’aurai pu avoir, ce que je n’ai pas. Je suis encore là et je compte jouer encore très longtemps car j’ai l’hygiène de vie et la santé pour cela.  Même s’il y’a des blessures, j’arrive à m’en relever. Aujourd’hui, je suis de retour en Ligue 1 après moult péripéties. Comme quoi l’abnégation, le travail, la confiance en soi, ça récompense parfois même si ce n’est pas toujours le cas.

Il y’a un autre sénégalais à Angers en l’occurrence l’attaquant Ibrahima Niane ?  Quels sont vos rapports ?

Ibrahima Niane c’était un garçon que je connaissais de loin, que je n’avais pas eu le plaisir de côtoyer avant. Franchement c’est un super mec. Certains amis me disent que nous sommes comme un secte, vous vous voyez juste de loin et vous savez déjà que vous êtes des sénégalais avec les «  Nan ngua def ? Et «  Ibra » on n’est pas assis loin de l’autre dans le vestiaire et  donc on discute beaucoup sur le terrain et aussi en dehors du terrain. Il n’a pas mal joué la saison dernière. Cette année, il a eu une grave blessure qui l’a handicapée. On sait que pour les blessures qui durent longtemps, il faut quasi rejouer le temps de l’arrêt pour revenir à son meilleur niveau. Dans une saison de transition comme cela, c’est compliqué quand l’entraîneur fait confiance à un autre attaquant, qui de surcroît marque des buts. Difficile dans ces contextes de faire des « turn-over ». Ibahima Niane a lui aussi intégré cet aspect. Il a su travailler dur car il y’a des moments où il n’était même pas dans le groupe. A la fin de saison, il a été important pour l’équipe, il a pesé sur les défenses. Il a montré son vrai visage. On sait que c’est un buteur. Même si cette saison a été un peu plus compliquée, je ne doute pas qu’il va redevenir lui-même et continuer à faire ce qu’il sait faire le mieux à savoir marque des buts.

La sélection tu n’y es plus depuis le sacre à la dernière CAN, est-ce toujours dans un coin de ta tête ?

Forcément quand on intègre un groupe comme ça, on a envie de s’inscrire sur la durée. C’était l’objectif mais encore une fois on finit la CAN, on postule comme tout le monde pour jouer la Coupe du monde. Malheureusement pour moi, dès mon premier match de préparation d’avant-saison avec Sochaux, je me casse la malléole donc la suite fut compliquée. Il était difficile d’espérer quoi que ce soit. Aujourd’hui, le Sénégal est un vivier de football avec des talents qui poussent de partout et les plus vieux qui sont résistants à l’image de Cheikhou Kouyate, Idrissa Gana Gueye.  Ces derniers jouent encore au très haut niveau et méritent leur place en sélection. Personnellement, je ne peux pas fermer les portes surtout à une telle fierté.  Porter les couleurs de son pays, c’est juste extraordinaire. Il n y a pas de mot pour décrire ce qu’on ressent.

Astu des nouvelles du sélectionneur Aliou Cissé ?

On ne se parle pas forcément tous les jours rires). Il auraitbeaucoup de travail à parler à tous les joueurs sénégalais éparpillés partout dans le monde. De temps en temps, on prend des nouvelles pour parler et pas que de football d’ailleurs, juste des choses de la vie. J’ai l’opportunité de revenir la saison prochaine en ligue 1 et je ne ferme aucune porte. Je sais que le Sénégal a beaucoup de joueurs de qualité. Que le Sénégal continue de gagner, c’est ça le plus important.

Gagner la 1ére CAN du Sénégal ,  tu l’as fait avec tes autres coéquipiers, les souvenirs sont-ils encore frais dans ta tête ?

Être champion d’Afrique, c’est quelque chose d’extraordinaire mais je dois avouer que les émotions sont bien redescendues pour moi. Même en n’étant pas en Côte d’Ivoire en Janvier dernier, j’avais vraiment espoir que le Sénégal ramène la deuxième étoile. On avait l’équipe, on avait tout pour le faire et j’y croyais vraiment.  C’est vrai que depuis qu’il y ‘a eu une autre CAN et que la Côte d’Ivoire l’a remportée, on a moins cette sensation d’être champion d’Afrique. La saveur du titre restera à jamais mais une fois qu’on a connu la victoire, on a envie d’y regoûter. J’ai vraiment le sentiment que cette génération peut aller en chercher d’autres. Une seule CAN, ça ne suffit pas surtout avec de tels joueurs, un groupe d’aussi grande qualité. Il est vrai que la CAN est quelque chose de particulier.

Y’a des choses qui se passent à la CAN et qui ne se passent qu’à la CAN ( Rires). Tu vois des équipes qui battent d’autres équipes et tu ne comprends pas. L’écart de niveau ne se ressent pas forcément sur le terrain parce qu’il y’a la qualité, la mentalité, la combativité et la résilience des équipes. C’est compliqué d’enchainer les compétitions et de les gagner mais au fond de moi j’espère qu’on ramènera deux autres titres avant que cette génération n’arrête.

Entretien réalisé par Racky Traoré

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