À quelques jours de l’entame des éliminatoire de la CAN Maroc 2025, l’attelage technique de l’Équipe Nationale du Sénégal subit deux réaménagements et non des moindres. Suite au départ de Régis Bogaert, compagnon des premières heures de Aliou Cissé, Pape Bouna Thiaw est désormais le premier entraîneur adjoint du sélectionneurdu Sénégal. Teddy Pellerin devient deuxième adjoint tandis que Hussein Bichara Farhat est nommé préparateur physique de la sélection. Bacary Cissé évoque des décisions unilatérales du président de la fédération sénégalaise de football, appuyé par Mayacine Mar, directeur technique national.
Que pensez-vous des changements effectués récemment au niveau du staff de l’équipe A ?
Ce qu’il faut d’abord noter, c’est qu’il y’a eu trop de cacophonie dans la mise en place du nouvel attelage de l’Équipe Nationale A du Sénégal. Tous les fédéraux n’étaient pas informés de la démission de Regis Bogaert, annoncée au mois de Juin dernier à la veille du match contre la RDC. Seul Me Augustin Senghor, président de la fédération sénégalaise de football était au courant du fait que l’entraîneur adjoint de Aliou Cissé allait faire son dernier match sur le banc de touche de l’équipe A contre la Mauritanie. Augustin Senghor et Aliou Cissé envisageaient de négocier avec Regis Bogaert afin qu’il poursuive sa mission vu les résultats mitigés du mois de Juin (match nul 1-1 contre la RDC et victoire sur le fil, 1-0 contre la Mauritanie). A l’époque, aucun des fédéraux n’était informé et d’ailleurs cette cacophonie a continué. Nous savons que les choix de ce nouvel attelage n’ont pas été débattus en comité exécutif, encore moins en comité d’urgence de la F.S.F. Le président de la fédération sénégalaise de football a pris sur lui-même, avec l’appui du directeur technique national, de nommer les adjoints de Aliou Cissé. Cela crée actuellement beaucoup de remous au sein de l’instance fédérale parce que les membres du comité exécutif pensent qu’ils avaient leur mot à dire. A mon avis, ceci est un problème que le président va devoir régler avec ses collèguesdans les jours à venir.
Comment appréciez-vous l’arrivée de Pape Thiaw comme premier entraîneur adjoint ?
En ce qui concerne l’attelage en question, je pense que Pape Thiaw avait été appelé pour renforcer le staff et anticiper un éventuel départ de Regis Bogeart. Mais comme je l’ai dit dans un média de la place, Aliou Cissé n’aura pas une grande considération pour son adjoint. Il avait déjà annoncé la couleurlors de la première conférence de presse qui a précédé la nomination de Pape Thiaw dans cet attelage : « Pape Thiaw est venu dans un staff technique qui est déjà en place depuis 10 ans, à lui de se battre pour avoir sa place. » Ce qui veut dire que non seulement Pape Thiaw a été imposé à Aliou Cissé et que ce dernier pourrait ne pas l’écouter convenablement. Il faut qu’on se dise la vérité, il pourrait faire semblant de l’écouter mais en réalité il ne va pas lui donner du crédit. Pour ne pas en arriver là, à mon avis, c’est la fédération elle–même qui doit discuter avec Aliou Cissé, lui faire comprendre que nous avons besoin de l’expertise locale et parmi cette expertise locale figure Pape Thiaw, un jeune entraîneur et ancien coéquipier de 2002. Donc travailler avec lui, serait très bénéfique pour le football sénégalais. Pape Thiaw aussi aura un rôle à jouer dans sa collaboration avec Aliou Cissé, parce que comme je l’ai dit Regis Bogeart a toujours été loyal, fidèle, discret et constant dans sa démarche. Ce genre de poste requiert toutes ces qualités.
Qu’en est-il de Teddy Pellerin ?
Teddy Pellerin désigné deuxième adjoint de Aliou Cissé est à la base un préparateur physique avec des aptitudes de coach. Maintenant s’il a été promu deuxième adjoint, cela veut direqu’il a un état de santé précaire. Depuis quelques temps, à l’occasion des matches de l’équipe nationale A, nous le voyons souffler à l’oreille de Aliou Cissé. Cela démontre qu’il a toujours fait ce travail même s’il a été préparateur physique. Un problème se pose tout de même par rapport au choix del’actuel préparateur physique. A ma connaissance je n’ai jamais vu ni entendu qu’il a travaillé au sein d’un club. Je sais qu’il a pour spécialité la réathlétisation des footballeurs mais je doute fort qu’il puisse être un préparateur physique digne de ce nom. Y’a beaucoup de préparateurs physiques sortis de l’INSEPS, présents dans les équipes nationales de petites catégories qui auraient pu faire l’affaire au sein de l’équipe A. Alors pourquoi avoir jeté son dévolu sur Hussein? Peut-être que la fédération a d’autres informations que nous n’avons pas mais je pense que le Sénégal pouvait avoir mieux.
D’après certains échos, les envies de départ de Régis Bogaert ne datent pas d’aujourd’hui. Vous nous apprenezqu’Augustin Senghor et Aliou Cissé ont voulu le convaincre de rester. Pensez-vous que la fédération a tout dit par rapport à ce départ ?
On peut pas dire que la fédération n’a pas tout dit parce qu’elle n’a pas à dire exactement ce qu’il en est. La démission est individuelle, c’est Régis Bogaert lui–même qui a décidé de partir du banc de touche de l’Équipe Nationale du Sénégal. Il pense que ses relations avec Aliou Cissé sont détériorées et ne sont plus comme avant. Il a évoqué un problème de santé mais tout le monde sait que c’est plus que ça. Il a mûri la réflexion avant de prendre sa décision. La fédération a dû prendre acte de cette décision parce qu’à la base les résultats n’étaient pas fameux et personne ne voulait qu’il y’aie une cassure au sein du staff technique. Ayant appris la nouvelle en Juin dernier, Augustin Senghor a essayé de l’étouffer, le temps de voir plus clair avec le sélectionneur et envisager éventuellement une médiation pour permettre à Regis de rester jusqu’après les éliminatoires. Mais l’un dans l’autre, la décision de Régis Bogeart était déjà prise et irrévocable. Donc aujourd’hui je pense que la fédération fait face à ses responsabilités et je pense que c’est pourquoi Augustin a pris cette décision. Augustin Senghor et Mayacine Mar directeur technique national se sont enfermés dans une chambre pour prendre ces décisions, impopulaires au sein de la FSF .
La fédération a été interpellée récemment par le Ministre des sports qui lui a demandé un bilan financier de la Coupe du monde 2022 et de la CAN 2023, que pensez-vous de cette démarche ?
Il faut avoir une lecture plus ou moins froide de la situation. De deux choses l’une, soit la Ministre des sports ( Ndrl : Khady Diene Gaye) fait exprès pour rendre la vie difficile aux fédéraux soit elle fait semblant de ne pas savoir ce qui se passe . En réalité, elle est technicienne du ministère et connaît très bien le fonctionnement de l’institution. Elle sait que depuis quelques temps, les fédéraux ne gèrent pas les fonds descompétitions internationales.
C’est l’État du Sénégal qui finance à travers un mécanisme qui voudrait que le DAGE du ministère des sports fasse une expression des besoins, la soumette au ministère des finances et que ce dernier y donne suite. C’est parce qu’elle a été interpellée par un député pour en débattre à l’assemblée nationale que la ministre des sports demande des comptes à la fédération. Mais je dis qu’il y’a soit une incompréhension soit un manque de maîtrise de certaines données. Heureusement que les fédéraux lui ont rappelé les principes tout en soulignant une dette que le leur doit son ministère. Je pense qu’il faut décrisper l’atmosphère. Elle vient d’arriver et comme je l’ai dit, elle connaît bien le milieu. Mais, il faut qu’elle fasse très attention sur la collaboration entre son département ministériel et les différentes fédérations sportives .
Propos recueillis par Awa Sène