Mis à pied à la suite de son message de soutien à l’humoriste Sébastien Thoen à l’antenne, Stéphane Guy, commentateur phare de Canal+, va être licencié par la chaîne cryptée.
Stéphane Guy n’aura pas échappé à la règle. Depuis 2015 et la prise de contrôle de Canal+ par Vincent Bolloré, principal actionnaire de la maison-mère Vivendi, chaque mise à pied d’un collaborateur de la chaîne aboutit à un licenciement.
Comme annoncé par France Bleu, le commentateur phare du foot a lui aussi appris qu’il était viré après vingt-trois ans passés au sein de l’entreprise. Ce licenciement serait justifié par la « déloyauté » du journaliste de 50 ans envers sa chaîne, reproche que lui adressé la direction depuis deux semaines.
Licenciements en cascade
Le 9 décembre dernier, Stéphane Guy avait appris sa mise à pied pour avoir rendu hommage à Sébastien Thoen quelques jours plus tôt, avant le coup d’envoi de la seconde période de Montpellier-PSG (1-3). Stéphane Guy avait ce soir-là lancé un message amical à l’humoriste, ex-chroniqueur du Canal Sports Club et ancien présentateur du Journal Hard, viré de Canal+ pour avoir participé à une parodie de L’Heure des pros, l’émission à succès de CNews, la chaîne info du groupe.
« Je veux saluer l’ami Sébastien Thoen qui n’a pas eu la sortie qu’il aurait méritée, avait alors lancé le commentateur à l’antenne. On lui souhaite bon vent. On sait que le bel esprit de Marie Portolano (animatrice du CSC) permettra d’assurer la continuité dans le Canal Sports Club. Il n’y a pas de doute là-dessus. » Avant de citer Coluche, « l’un des fondateurs de notre belle chaîne » : « Il faut se méfier des comiques parce que quelquefois, ils disent des choses pour plaisanter. »
La direction n’avait pas aimé la lettre de la SDJ
Cette « prise en otage de l’antenne », selon la direction, intervenait au lendemain de l’envoi d’un communiqué par la Société des journalistes (SDJ) de Canal+, déjà mal vécu par la direction. « Sollicitée par des membres de la rédaction, la direction assume cette décision. Nous, collaborateurs du service des sports de Canal+, et/ou journalistes des rédactions Canal+, nous indignons contre cette éviction, écrivait la SDJ dans son courrier signé par 150 employés.
Les signataires de ce communiqué sont attachés à la liberté d’expression, de caricature et de parodie, pour tous les collaborateurs du groupe, dans le respect des limites fixées par la loi. Nous revendiquons le droit d’exercer nos métiers sans craindre d’être licencié, écarté, inquiété si ce que nous disons, écrivons, déplaît à notre direction. »
Le risque d’une fronde ?
Parmi les nombreux signataires, on retrouvait notamment des figures de l’antenne sport de Canal + comme Marie Portolano, Habib Beye, Laurie Delhosthal, David Berger, Olivier Tallaron, Sidney Govou, Jessica Houara ou encore Nicolas Tourriol…
Quarante-huit l’avaient signé anonymement. Stéphane Guy, lui, ne l’avait pas fait, ne paraphant jamais de pétition, question de principe pour ce grand admirateur du général De Gaulle. Il avait en revanche choisi le micro, et des mots bien pesés, pour relayer l’opinion d’une grande partie de la rédaction des sports. Il en paye aujourd’hui lourdement le prix.
Certains de ses collègues annonçaient ces derniers jours vouloir réagir « collectivement et avec force » si une telle décision était prise. Cela pourrait créer une fronde entre la direction et sa rédaction des sports, au moment même où Canal+ pourrait récupérer davantage de matches de Ligue 1 après le prochain départ de Mediapro et la fermeture de la chaîne Téléfoot.
Avec lequipe