Thomas Müller, évincé de l’équipe nationale à 29 ans l’an dernier, doit-il revenir sous le maillot aux quatre étoiles? Pour nombre d’experts allemands, ses performances avec le Bayern le justifieraient amplement. Mais le sélectionneur Joachim Löw n’a pas l’intention de changer d’avis.
En conférence de presse ou dans les interviews en direct à la télé, « Jogi » Löw n’y échappe jamais: la question sur le sort du champion du monde 2014 revient en boucle depuis que l’atypique attaquant a trouvé une deuxième jeunesse, et été l’un des hommes clés du triplé historique du Bayern Munich coupe-championnat-Ligue des champions.
« C’est un leader absolu », dit de lui le « Kaiser » Franz Beckenbauer, autorité morale du foot allemand, « sa personnalité ferait évidemment du bien à l’équipe nationale ».
« Thomas est dans une forme extraordinaire, renchérit l’ancien Ballon d’Or Lothar Matthaüs, je crois même qu’il n’a jamais été aussi fort que maintenant de toute sa carrière ».
Depuis le printemps 2019, Müller est pourtant tombé en disgrâce: dans la foulée du désastreux Mondial-2018 (élimination au premier tour) et d’une Ligue des nations ratée, Löw a décrété unilatéralement la retraite internationale de trois des champions du monde 2014: Thomas Müller, Mats Hummels et Jérôme Boateng. Müller avait alors 29 ans, ses deux coéquipiers 30.
« L’avenir appartient aux jeunes »
A l’époque, le coach avait certains arguments sportifs. L’entraîneur du Bayern Niko Kovac ne faisait plus vraiment confiance à Müller, dont les statistiques en championnat s’étaient effondrées.
Mais tout à changé à l’arrivée de Hansi Flick sur le banc du « Rekordmeister » en novembre. L’enfant chéri de l’Allianz Arena est alors redevenu le joueur qu’il avait été, incontrôlable électron libre de l’attaque, pour terminer la saison avec 14 buts et 26 passes décisives toutes compétitions confondues.
Depuis, la pression médiatique pour son retour est constante. Mais Löw ne bouge pas d’un iota: « Thomas est un joueur de classe, ça ne fait aucun doute, mais je fais confiance aux jeunes », a-t-il encore dit jeudi, quelques minutes avant le coup d’envoi du match contre l’Espagne (1-1) à Stuttgart.
« Je crois simplement que l’avenir appartient aux jeunes joueurs et que ces joueurs ont besoin de temps et d’espace pour se développer », argumente-t-il.
Et, admettent les commentateurs, avec des joueurs offensifs de la trempe des Timo Werner, Serge Gnabry, Leroy Sané, Julian Brandt ou Kai Havertz, Löw peut se permettre de laisser Müller à la retraite.
« Mon retour n’est pas d’actualité »
Le sélectionneur, en poste depuis maintenant 14 ans, est connu pour ce que les uns appellent « de la fidélité à ses principes », d’autres « de l’entêtement ».
Autant dire que, sauf avalanche de blessures, Müller n’a aucune chance de jouer l’Euro-2020, reporté à 2021: « Je ne suis pas clairvoyant, je ne lis pas dans l’avenir et je ne sais pas ce qui se passera en mars ou avril », a toutefois reconnu Löw, « nous aurons peut-être des blessés l’année prochaine et dans ce cas, on peut changer d’avis. Mais pour le moment je ne vois pas aucune raison de modifier notre orientation ».
Müller lui-même, interrogé à Lisbonne en août pendant la Ligue des champions, a montré qu’il n’y croyait pas trop: « Évidemment ces derniers mois, avec les succès de notre équipe et le rôle que j’ai joué, la question de ma sélection a refait surface, mais il y a eu aussi de toutes parts des déclarations très claires (…) pour le moment ce n’est pas d’actualité », a-t-il dit.
Sa carrière internationale s’est donc arrêtée au soir de sa 100e sélection. Elle est riche de 38 buts marqués et d’un titre de champion du monde.